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Le Rhône en 100 questions : 8-07 Existe-t-il une vie dans les eaux souterraines du Rhône ?

De Wiklimat
le rhone en 100 questions multi579
Cette page fait partie du deuxième chapitre: "Le fonctionnement du fleuve", de l'ouvrage '"Le Rhône en 100 questions'", une initiative de la ZABR avec l'appui de toute l'équipe du Graie et soutenue par les instances qui ont en charge la gestion du fleuve.











L’eau souterraine, chaînon essentiel du cycle de l’eau, est un vaste milieu biologique. Sous nos pieds, sous les cours d’eau et les lacs existent des eaux souterraines où la vie est présente.

« L’écologie souterraine » étudie la faune qui colonise ce milieu extrême.
Les nappes contenues dans les alluvions quaternaires déposées par les glaciers et les cours d’eau hébergent des organismes de taille millimétrique ou inférieure dont l’habitat normal se trouve dans les interstices existant entre les grains de sable ou les graviers.

les aquiferes alluviaux des sytemes biologiques

Sommaire

Des faunes diverses dans l’obscurité souterraine


quelques exemples d organismes souterrains
Les organismes vivant dans les eaux souterraines sont constitués d’un mélange d’espèces provenant des eaux de surface et d’espèces typiques des eaux souterraines profondes. Ceci est particulièrement net dans les zones de contact présentant un fort lien avec les cours d’eau, comme le sous-écoulement ou zone hyporhéique. Les espèces provenant des eaux de surface ne sont que de passage et ne montrent pas de particularités biologiques visà-vis de ce milieu. Certaines sont présentes dans les eaux souterraines de manière accidentelle ou rare. D’autres sont beaucoup plus régulières et leur cycle de vie nécessite un passage obligé par un stade de surface.
Les espèces réellement souterraines, les stygobiontes (ou espèces stygobies) ont un cycle de vie qui se déroule entièrement sous
terre. Elles y développent des populations viables et sont incapables de survivre dans les eaux superficielles.
Elles possèdent des caractéristiques morphologiques, physiologiques et éthologiques particulières : elles sont dépigmentées, aveugles, avec des soies sensorielles très développées, un aspect vermiforme, une capacité de jeûne prolongé, une diminution de la productivité ; ces espèces fuient la lumière et développent un contact étroit, parfois vital, avec le substrat.

Le milieu souterrain aquatique se caractérise par l’absence de lumière (absence de photosynthèse et de production végétale), donc une rareté de la nourriture, et généralement une forte atténuation des variations thermiques et physico-chimiques.


Sous le Rhône, des dizaines d’espèces différentes


Pratiquement tous les groupes d’invertébrés présents dans les eaux de surface renferment également des espèces adaptées aux eaux souterraines, depuis les éponges, les vers jusqu’aux arthropodes (principalement crustacés et de rares insectes). Une synthèse réalisée en 2007 sur l’ensemble du Rhône révèle la présence de soixante-cinq espèces souterraines. Le groupe des Crustacés résume à lui seul l’essentiel de la biodiversité avec trente-sept espèces, soit 57 % de la totalité des espèces stygobies recensées le long du Rhône. Après les crustacés, le groupe des mollusques est bien représenté dans les eaux souterraines (25 % de la richesse stygobie) (Tableau).


Ces organismes ont un rôle dans le fonctionnement énergétique des eaux du Rhône et des aquifères


  • Certains des organismes souterrains peuvent être utilisés comme espèces indicatrices de différents paramètres :

 − l’origine des eaux souterraines et la nature du régime hydrologique, tel le crustacé Amphipode Salentinella qui marque les arrivées d’eaux souterraines ou le ver Oligochète Phallodrillus qui décrit l’augmentation des échanges nappe-cours d’eau ;
 − la stabilité physique du milieu, tel le ver Troglochaetus beranecki ou le crustacé isopode Microcharon reginae, qui ne vivent que dans des milieux phréatiques aux écoulements très lents et aux conditions physico-chimiques très stables car ce sont des organismes très fragiles ;
 − les conditions locales de granulométrie, matières organiques ou oxygène, avec par exemple les Crustacés ostracodes dont Cryptocandona kieferi décrit des zones peu oxygénées avec des sédiments grossiers ;
 − la pollution des milieux : les vers Oligochètes constituent un groupe très intéressant pour caractériser ce type de perturbation.

  • Les organismes souterrains peuvent intervenir dans l’auto-épuration des aquifères. Ils agissent sur le devenir des substances dissoutes et particulaires véhiculées par l’eau et les sédiments en participant aux processus de :

 − bioturbation, c’est le creusement, le transport et l’agitation des sédiments par l’activité des invertébrés tels que vers, crustacés ou larves d’insectes. Elle entraîne un mélange des particules, une modification de la structure, de la porosité et de l’oxygénation, une stimulation de l’activité microbienne.

 − décolmatage. Ce processus est particulièrement important aux interfaces fleuve/aquifère où la densité des organismes est forte.
 − biotransformation. Certains animaux, tels que les vers, sont capables de métaboliser et de transformer certains polluants en produits non toxiques (dégradation des hydrocarbures, régulation des métaux lourds).
 − bioaccumulation, dans les tissus des organismes.

illustration de la bioturbation par des larves de chironomes a gauche et des tubificides a droite

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Les organismes souterrains sont-ils fragiles ?


Les polluants peuvent entraîner la mort ou une altération des structures morphologiques et génétiques. Ils peuvent aussi entraîner des transformations du cycle de vie, du mode de croissance et de reproduction. En général une pollution entraîne la disparition des organismes.
En faisant disparaître la faune autochtone, les contaminants peuvent provoquer une diminution de la diversité biologique du monde souterrain, garante de la survie des écosystèmes.


Liste des espèces souterraines du Rhône dans les différents groupes taxonomiques

liste des especes souterraines du rhone
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Ce qu’il faut retenir


Les eaux souterraines du Rhône représentent un réservoir de vie, abritant des communautés d’organismes composites avec des espèces originales. Les organismes souterrains sont capables de nous renseigner sur l’état, le fonctionnement et l’évolution des systèmes aquatiques souterrains.
La qualité des eaux souterraines n’utilise pas encore le critère biologique pour définir le bon état écologique, comme c’est le cas pour les eaux de surface. Les organismes sont cependant de bons descripteurs de cette qualité.



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