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Wikibardig:Gestion des digues : L'entretien des digues : Différence entre versions

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Ces principes doivent être mis en œuvre dans le respect des contraintes foncières et environnementales locales qui peuvent constituer des situations compliquées relevant d’une approche spécifique.
 
Ces principes doivent être mis en œuvre dans le respect des contraintes foncières et environnementales locales qui peuvent constituer des situations compliquées relevant d’une approche spécifique.
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====Entretien des talus enherbés====
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Un enherbement vigoureux et bien entretenu améliore la résistance des talus à la surverse et à l’érosion par le ruissellement, le vent ou le piétinement. Le premier objet de l'entretien est, donc, d'assurer le maintien d'une couverture herbacée homogène sur les talus de la digue : si nécessaire, des techniques appropriées d'engazonnement complémentaire doivent être mises en œuvre dans les zones mal enherbées ou dégradées.
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Les enherbements installés doivent faire l'objet d'un fauchage régulier, afin de préserver leur vigueur et de maintenir des bonnes conditions d'observation de la digue. La périodicité minimale est un fauchage annuel, voire plus si les conditions de visibilité de l’ouvrage se dégradent.
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En appoint au fauchage, des traitements phytocides peuvent permettre, selon les produits :
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*la limitation de la croissance des herbacées afin d'espacer les fauchages ;
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*le désherbage total, pour les maçonneries ou les remblais drainants.
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'''Cependant, ces produits ont des impacts nuisibles sur l’environnement, et notamment sur les milieux aquatiques à proximité desquels leur usage est réglementé (cf. arrêté ZNT "Zones Non Traitées" du 12/09/2006). Aussi, les traitements mécaniques ou thermiques sont à privilégier.'''
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En fonction du retour d’expérience, le pâturage des talus, lorsque leur pente est suffisamment douce (<50 %) de préférence par des ovins et dans des conditions météorologiques ni trop sèches ni trop humides pour éviter les dégradations, est, par contre, recommandé car les traces des sabots des ruminants et la fumure naturellement apportée sont propices à la régénération de la couverture herbacée.
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====Élimination de la végétation ligneuse====
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Le fauchage régulier intégral prévient le développement d'arbres ou d'arbustes.
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Pour se débarrasser d’arbustes existants, on procède classiquement à leur abattage suivi de la dévitalisation des souches (à faire à l'automne, en sève descendante), afin de tuer les sujets et éviter les rejets de souche. Là encore, les moyens mécaniques (broyage des souches et/ou extraction à la dent Becker) paraissent à privilégier par rapport aux moyens chimiques qui ne sont pas autorisés à proximité d’un cours d’eau.
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Lorsqu’une digue est boisée ou présente des arbres isolés de haute tige, il est recommandé d’enlever, au moins à terme, ces arbres et arbustes. En effet, ces arbres un jour mourront et leur réseau de racines, en pourrissant, créera autant de conduits qui seront des voies potentielles d’amorces de renards hydrauliques pendant les périodes de hautes eaux.
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Il faut cependant être conscient que ce phénomène de pourrissement des racines va se produire – et même s’intensifier - aussi après l’abattage des arbres. Par ailleurs, quelques arbres vont reprendre <ref> Ceci concerne les espèces d'arbre qui rejettent de souche comme les peupliers, les robiniers, certains chênes, etc…</ref>.  et leurs racines grandir.
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Ceci implique, parallèlement, de renforcer les zones concernées en prenant en compte l’homogénéité du remblai et le niveau d’étanchéité requis de la digue ; ce qui peut se faire par l’une des solutions suivantes :
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*des remblaiements ponctuels (arbres isolés côté rivière) avec un matériau adéquat, soigneusement compacté, après abattage, dessouchage et purge ;
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*une recharge étanche sur l’ensemble du talus côté rivière, réalisée immédiatement après l’abattage (à faire suivre de l’enlèvement des souches et d’un réglage du talus) ;
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*une coupure étanche dans la digue (palplanches ou paroi au coulis) réalisée au maximum une dizaine d’années après cet abattage (le temps que les racines soient pourries).
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Si aucune intervention de génie civil n’est envisageable à court terme, '''mieux vaut surseoir à un abattage généralisé'''. Un débroussaillage systématique sous et entre les arbres peut, par contre, être réalisé immédiatement et contribuera déjà à améliorer les conditions de surveillance de la digue.
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L’espace boisé plus ou moins large entre berge de lit mineur et pied de digue côté fleuve doit, quant à lui, être préservé, sous réserve des éventuelles servitudes de passage et de la prise en compte de la réduction de la section hydraulique et/ou de l’entrave à l’écoulement due à la présence de cette zone boisée. Il concourt, en effet, à limiter la vitesse du courant le long de la digue et diminue donc le risque d’érosion externe du talus. Cette végétation doit cependant faire l’objet d’un entretien régulier consistant, en particulier, à abattre les arbres qui menacent de tomber dans le cours d’eau, pouvant entraîner un arrachement de la berge et des risques d’embâcles. Ces principes généraux sont à adapter aux situations particulières des rivières torrentielles dont la gestion des espaces boisés devra faire l’objet d’une étude spécifique.
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Version du 4 avril 2019 à 09:22

Sommaire


Justification de l’entretien de la digue

Quelle que soit sa forme juridique (Collectivité locale, Association Syndicale, personnes privées, etc…), l'organisme qui est le propriétaire (ou le gestionnaire) des digues est pleinement responsable, des dommages qui peuvent être occasionnés par l'ouvrage et en particulier, le cas échéant, par sa rupture. Les modalités d’entretien et de vérification de toute digue et de ses organes associés (vannes, ouvrages traversants, …) font partie des éléments à décrire dans les consignes écrites de surveillance et d’entretien de l’ouvrage.

Au-delà des considérations de responsabilité et de réglementation, l'objectif de maintenir les ouvrages en bon état justifie à lui seul l'entretien régulier. Il permet en effet de freiner le vieillissement et donc d'augmenter la longévité de l’ouvrage. Des petits travaux réguliers, par exemple sur la végétation ou vis-à-vis des animaux fouisseurs, peuvent éviter des interventions lourdes de réhabilitation. Enfin, le bon entretien des ouvrages (notamment, dégagement de la végétation, maintenance des voies de service) permet leur surveillance dans de bonnes conditions.

Principes généraux.

L'entretien des digues repose sur les axes suivants :

  • la pratique régulière de la surveillance visuelle des ouvrages, de routine et postérieure aux crues ;
  • le contrôle de la végétation sur la digue elle-même, et si nécessaire sur ses abords ;
  • la lutte contre les dégâts des animaux fouisseurs ;
  • l'entretien des parties d'ouvrage et parafouilles en maçonneries, gabions, éléments métalliques, etc. ;
  • la formation et l’expérience des agents.

Ne sont pas traités dans cette page les actions à mener en cas de déformation anormale du remblai tels que les affaissements, fontis, glissements…. Ce sont des pathologies dont on recherchera au préalable les origines pour établir un projet de réhabilitation même s’il est très localisé. Il ne faut pas traiter les symptômes sans faire de diagnostic, c’est en particulier le cas de fontis consécutifs à un problème d’érosion interne.

Il est recommandé de disposer d’au moins une piste de service et, si elle n’existe pas, d’en aménager une. Cette piste a plusieurs fonctions :

  • elle permet une circulation aisée, ce qui améliore l’efficacité de la surveillance  ;
  • elle facilite l’entretien des talus qui peut alors se faire par des moyens mécaniques et en diminue donc le coût ;
  • elle permet, en cas d’indice de désordres pouvant conduire à une brèche, l’approvisionnement de matériaux (enrochements) pour faire un comblement de fortune et éviter la brèche ou limiter son agrandissement.

La chaussée de cette piste doit bien sûr être dimensionnée pour supporter le trafic qu’elle aura à subir, y compris donc un trafic de camions sur un corps de digue partiellement saturé.

La localisation idéale de cette piste est sur la crête de digue. Cependant, si le couronnement de la digue est trop étroit, la piste de service peut être localisée sur une risberme, voire en pied de talus côté val. Pour les digues neuves ou objet d’un confortement il est idéal de prévoir trois pistes de services en parallèles : une en crête et deux en pied.

La piste de service doit être régulièrement entretenue de façon à garantir sa viabilité. Cet entretien consiste essentiellement à combler les ornières, à maintenir un profil présentant un dévers vers l’extérieur pour faciliter l’évacuation des eaux de pluies et à éviter des points bas de concentration des eaux susceptibles de conduire à des zones d’érosion potentielle.

Pour faciliter le repérage de toutes les observations lors des visites de surveillance et de tous les travaux d’entretien et de réparation, il est souhaitable de disposer d’un repérage par des bornes implantées en bordure de la crête de digue.

La végétation

Objectifs et principes

Le contrôle régulier de la végétation répond à un triple objectif :

  • maintenir des conditions de parfaite visibilité des talus et des pieds de digue (afin de faciliter les visites de surveillance visuelle et d'en garantir la qualité) ;
  • éviter le développement de racines (d'arbres ou d'arbustes) dans les corps de digue qui, d'une part, aggrave le risque de renard hydraulique (par le biais des conduits créés par le dépérissement des racines) et, d'autre part, déforme ou démantèle (par action mécanique) les maçonneries de pierres éventuellement présentes en surface, telles que les revêtements perreyés ;
  • éviter la présence des arbres qui, lors de leur chute par l’action de l’eau ou du vent, peuvent emporter une partie de la digue ;
  • dissuader les animaux fouisseurs d'élire domicile dans la digue, en troublant leur quiétude par le passage régulier des engins et par la suppression des zones de couvert, donc d'abri potentiel.

Sur la crête, les talus de la digue ainsi que sur une bande d’au moins 5 m de part et d'autre des pieds de talus, le principe est double :

  • le maintien d'un couvert herbacé le plus ras possible ;
  • l'éradication de toute végétation ligneuse (sauf cas particulier de l'existence de gros arbres déjà installés où une étude spécifique est nécessaire).

Ces principes doivent être mis en œuvre dans le respect des contraintes foncières et environnementales locales qui peuvent constituer des situations compliquées relevant d’une approche spécifique.

Entretien des talus enherbés

Un enherbement vigoureux et bien entretenu améliore la résistance des talus à la surverse et à l’érosion par le ruissellement, le vent ou le piétinement. Le premier objet de l'entretien est, donc, d'assurer le maintien d'une couverture herbacée homogène sur les talus de la digue : si nécessaire, des techniques appropriées d'engazonnement complémentaire doivent être mises en œuvre dans les zones mal enherbées ou dégradées.

Les enherbements installés doivent faire l'objet d'un fauchage régulier, afin de préserver leur vigueur et de maintenir des bonnes conditions d'observation de la digue. La périodicité minimale est un fauchage annuel, voire plus si les conditions de visibilité de l’ouvrage se dégradent.

En appoint au fauchage, des traitements phytocides peuvent permettre, selon les produits :

  • la limitation de la croissance des herbacées afin d'espacer les fauchages ;
  • le désherbage total, pour les maçonneries ou les remblais drainants.

Cependant, ces produits ont des impacts nuisibles sur l’environnement, et notamment sur les milieux aquatiques à proximité desquels leur usage est réglementé (cf. arrêté ZNT "Zones Non Traitées" du 12/09/2006). Aussi, les traitements mécaniques ou thermiques sont à privilégier.

En fonction du retour d’expérience, le pâturage des talus, lorsque leur pente est suffisamment douce (<50 %) de préférence par des ovins et dans des conditions météorologiques ni trop sèches ni trop humides pour éviter les dégradations, est, par contre, recommandé car les traces des sabots des ruminants et la fumure naturellement apportée sont propices à la régénération de la couverture herbacée.

Élimination de la végétation ligneuse

Le fauchage régulier intégral prévient le développement d'arbres ou d'arbustes.

Pour se débarrasser d’arbustes existants, on procède classiquement à leur abattage suivi de la dévitalisation des souches (à faire à l'automne, en sève descendante), afin de tuer les sujets et éviter les rejets de souche. Là encore, les moyens mécaniques (broyage des souches et/ou extraction à la dent Becker) paraissent à privilégier par rapport aux moyens chimiques qui ne sont pas autorisés à proximité d’un cours d’eau.

Lorsqu’une digue est boisée ou présente des arbres isolés de haute tige, il est recommandé d’enlever, au moins à terme, ces arbres et arbustes. En effet, ces arbres un jour mourront et leur réseau de racines, en pourrissant, créera autant de conduits qui seront des voies potentielles d’amorces de renards hydrauliques pendant les périodes de hautes eaux.

Il faut cependant être conscient que ce phénomène de pourrissement des racines va se produire – et même s’intensifier - aussi après l’abattage des arbres. Par ailleurs, quelques arbres vont reprendre [1]. et leurs racines grandir.

Ceci implique, parallèlement, de renforcer les zones concernées en prenant en compte l’homogénéité du remblai et le niveau d’étanchéité requis de la digue ; ce qui peut se faire par l’une des solutions suivantes :

  • des remblaiements ponctuels (arbres isolés côté rivière) avec un matériau adéquat, soigneusement compacté, après abattage, dessouchage et purge ;
  • une recharge étanche sur l’ensemble du talus côté rivière, réalisée immédiatement après l’abattage (à faire suivre de l’enlèvement des souches et d’un réglage du talus) ;
  • une coupure étanche dans la digue (palplanches ou paroi au coulis) réalisée au maximum une dizaine d’années après cet abattage (le temps que les racines soient pourries).

Si aucune intervention de génie civil n’est envisageable à court terme, mieux vaut surseoir à un abattage généralisé. Un débroussaillage systématique sous et entre les arbres peut, par contre, être réalisé immédiatement et contribuera déjà à améliorer les conditions de surveillance de la digue.

L’espace boisé plus ou moins large entre berge de lit mineur et pied de digue côté fleuve doit, quant à lui, être préservé, sous réserve des éventuelles servitudes de passage et de la prise en compte de la réduction de la section hydraulique et/ou de l’entrave à l’écoulement due à la présence de cette zone boisée. Il concourt, en effet, à limiter la vitesse du courant le long de la digue et diminue donc le risque d’érosion externe du talus. Cette végétation doit cependant faire l’objet d’un entretien régulier consistant, en particulier, à abattre les arbres qui menacent de tomber dans le cours d’eau, pouvant entraîner un arrachement de la berge et des risques d’embâcles. Ces principes généraux sont à adapter aux situations particulières des rivières torrentielles dont la gestion des espaces boisés devra faire l’objet d’une étude spécifique.


  1. Ceci concerne les espèces d'arbre qui rejettent de souche comme les peupliers, les robiniers, certains chênes, etc…


Références :

Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie (MEDDE), 2015. Référentiel technique digues maritimes et fluviales, 190 p. Le téléchargement est disponible ici.

TOURMENT, R., BEULLAC, B., (coord.), 2019, Inondations : analyse de risque des systèmes de protection – Application aux études de dangers. Editions Lavoisier, 2019.


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Pour plus d'information sur l'auteur : Irstea - UR RECOVER - Equipe G2DR


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