Demande biochimique en oxygène / DBO (HU) : Différence entre versions
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+ | Il convient aussi de mentionner que, pour le commun des mortels, le caractère biodégradable d’une substance contribue à lui ôter tout pouvoir dommageable pour l’environnement. Il n’en est pas du tout ainsi. Par exemple, le rejet dans un cours d’eau de substances « ''naturelles'' » comme le sang ou le lait, peut, du fait de leur concentration extrêmement élevée en éléments très rapidement biodégradables, conduire à une [[Désoxygénation (HU)|désoxygénation]] rapide de l'eau, très dommageable pour la faune qu’il héberge. La <math>DBO_5</math> de ces substances est de l’ordre de <math>100 g(O_2)/L</math> pour le lait de vache et de <math>200 g(O_2)/L</math> pour le sang de bovins. La [[Concentration en oxygène dissous (HU)|concentration maximale en oxygène]] des eaux naturelles qui n’est que de <math>11 mg(O_2)/L</math> à 10°C et de <math>8 mg(O_2)/L</math> à 25°C, permet de comprendre l’ampleur du danger que le rejet de telles substances présente, malgré la difficulté de les considérer a priori comme des polluants. | ||
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+ | [[Catégorie:Pollution_carbonée_(HU)]] |
Version du 26 mars 2020 à 15:10
Traduction anglaise : Biochemical oxygen demand / BOD
Dernière mise à jour : 26/3/2020
Quantité d'oxygène qu'il faut fournir à un échantillon d'eau pour minéraliser, par voie biochimique (oxydation par des bactéries aérobies), les matières organiques biodégradables contenues dans l'eau.
Sommaire |
Que représente la demande biologique en oxygène et quel est l'intérêt du paramètre
La Demande Biochimique en Oxygène (DBO) et la Demande Chimique en Oxygène ou DCO) sont les deux paramètres expérimentaux importants régulièrement utilisés pour caractériser la quantité de matière organique contenue dans l'eau et pour apprécier les risques induits de désoxygénation du milieu.
Il n’est en effet pas possible, dans des conditions analytiques et financières réalistes, de régulièrement inventorier toutes les substances organiques susceptibles d’être contenues dans l'eau d'un cours d’eau ou d'un effluent urbain, et d’en mesurer la concentration. La mesure de la DBO a été (avec l’oxydation au permanganate en 4 heures) l’une des premières méthodes développées dès le début du XXème siècle en Angleterre pour simuler les effets résultant des processus de biodégradation qui se produisent quand on déverse de la matière organique dans une rivière bien oxygénée. Elle ne constitue pas une mesure réelle de la quantité de matière organique ou de celle des espèces réductrices présentes. Elle représente en fait la réponse expérimentale d'un modèle de biodégradation.
La mesure de la Demande Biochimique en Oxygène d’un échantillon d’eau permet de quantifier la quantité de matières pouvant être, en milieu aérobie et en une durée durée donnée, dégradées par les micro-organismes ou oxydées (substances sous forme réduite comme les sulfures, sulfites, nitrites, ions ferreux…).
Consommation de l'oxygène et évolution de la DBO au cours du temps
Dans le cas des eaux usées urbaines d’origine domestique, la demande d’oxygène mesurée relève essentiellement de la respiration des micro-organismes qui vont dégrader la matière organique contenue dans l’échantillon, c’est-à-dire la matière biodégradable qu’il contient. La consommation en oxygène résultante évolue généralement dans le temps selon une courbe voisine de celle de la figure 1, dans laquelle on note $ DBO_t $ la quantité d'oxygène consommée au bout de t jours.
A 20°C, au bout de 3 semaines, l’oxydation biologique des composés carbonés d’une eau résiduaire urbaine d’origine domestique est quasiment achevée. Ce délai a permis aux bactéries nitrifiantes qui vont oxyder l’azote ammoniacal en nitrites puis en nitrates de se développer malgré leur lente croissance. Au bout d’un mois et demi, la totalité des composés carbonés et azotés biodégradables ont été oxydés et assimilés par les micro-organismes. La consommation en oxygène correspondant à ces deux phases est appelée « DBO ultime ». La consommation en oxygène à 21 jours ($ DBO_21 $) est appelée « DBO carbonée ».
Notion de $ DBO_5 $
Il est difficile d'attendre plusieurs semaines pour connaître la quantité de matières organiques contenue dans un effluent. On a donc très vite recherché un indicateur représentatif nécessitant une durée d'analyse plus courte.
La plupart des pays on choisit la consommation en oxygène à 5 jours ; la $ DBO_5 $ correspond en effet à l’oxydation de la pollution la plus rapidement biodégradable.
La $ DBO_7 $, qui a longtemps été utilisée dans les pays scandinaves, est bien sûr légèrement supérieure à la $ DBO_5 $. La norme NF EN 1899-1 mentionne un rapport $ \frac{DBO_7}{DBO_5} $ pour des eaux décantées compris entre 1,1 et 1,2. Pour des eaux usées domestiques non décantées, ce rapport est de l’ordre de 1,2 (+/- 3%). Sur des effluents d’origine industrielle riches en substances très rapidement biodégradables (saccharose) ce rapport est proche de 1 (de même que le rapport $ \frac{DCO}{DBO_21}. Il est à noter que la <math>DBO_5 $ peut ne pas être bien représentative de la pollution carbonée biodégradable, lorsque les effluents contiennent de la matière organique caractérisée par de longues chaînes complexes (graisses, hydrocarbures aliphatiques ou aromatiques, cellulose, etc…).
Biodégradabilité des substances et danger pour le milieu récepteur
Il convient aussi de mentionner que, pour le commun des mortels, le caractère biodégradable d’une substance contribue à lui ôter tout pouvoir dommageable pour l’environnement. Il n’en est pas du tout ainsi. Par exemple, le rejet dans un cours d’eau de substances « naturelles » comme le sang ou le lait, peut, du fait de leur concentration extrêmement élevée en éléments très rapidement biodégradables, conduire à une désoxygénation rapide de l'eau, très dommageable pour la faune qu’il héberge. La $ DBO_5 $ de ces substances est de l’ordre de $ 100 g(O_2)/L $ pour le lait de vache et de $ 200 g(O_2)/L $ pour le sang de bovins. La concentration maximale en oxygène des eaux naturelles qui n’est que de $ 11 mg(O_2)/L $ à 10°C et de $ 8 mg(O_2)/L $ à 25°C, permet de comprendre l’ampleur du danger que le rejet de telles substances présente, malgré la difficulté de les considérer a priori comme des polluants.