Récup-utilisation de l'eau de pluie (HU)
Traduction anglaise : Stormwater harvesting and use
mot en chantier
Dernière mise à jour : 28/12/2022
Terme proposé par le groupe de travail du GRAIE "Eaux pluviales et aménagement" pour désigner la récupération de l'eau de pluie afin de l'utiliser, généralement à la place de l'eau potable, pour des usages intérieurs ou extérieurs.
Sommaire |
Récupération et réutilisation de l'eau de pluie : pourquoi et de quoi parle-t-on ?
Contexte
L’eau est une ressource vitale et constitue aujourd’hui un enjeu majeur face au réchauffement climatique. Les pénuries d’eau sont de plus en plus importantes. 11% du territoire européen a connu en 2022 des pénuries d’eau et d’ici 2030, 30% du territoire sera concerné. C’est pourquoi, l’amélioration de la gestion de l’eau est nécessaire.
Aujourd’hui, de plus en de plus de particuliers récupèrent l'eau de pluie pour des usages quotidiens. En France, cette pratique est encouragée dans le Code de l'environnement suite à la loi anti gaspillage (voir https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000019386409/2021-01-07/). Une utilisation efficace, économe et durable de la ressource en eau, notamment la réutilisation des eaux pluviales en remplacement de l'eau potable, y est promue. Récupérer cette eau permet aussi de disposer d’une eau plus "locale" en économisant sur les coûts de transport. Néanmoins, afin de préserver l’environnement et la santé publique, les conditions de récupération de l'eau de pluie sont réglementées ainsi que ses usages.
Réglementation
La collecte de l'eau de pluie ne peut être réalisée qu’à l’aval d’une toiture inaccessible pour ce qui concerne les toits. En revanche, pour les stocker le choix est plus libre : les cuves peuvent être enterrées ou hors-sol (figure 1).
L’arrêté du 21 août 2008 relatif à la récupération de l'eau de pluie et à son usage à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments, réglemente les usages principalement pour des raisons sanitaires. Différents types d’usages sont possibles :
- Usages intérieurs : alimentation des chasses d’eau, lavage des sols et lavage du linge (sous réserve d’un traitement adapté de l'eau de pluie), sauf pour une certaine catégorie de bâtiments accueillant un public plus vulnérable : soins ou petite enfance.
- Usages extérieurs : arrosage, lavage de véhicules, réserve défense incendie, etc. ; les contraintes pour l’usage extérieur car il y a moins de risque sanitaire pour l’individu.
- Usages industriels et professionnels autorisés (sauf en cas de besoin en eau potable).
En intérieur, les usages sont donc limités. Les usages alimentaires, d’hygiène et le lavage de la vaisselle sont interdits. L'eau de pluie récupérée des toitures est considérée comme non potable et susceptible d'entrainer des risques sanitaires. voir Eau destinée à la consommation humaine (HU).
Question de vocabulaire
De nombreux termes sont usuellement utilisés pour aborder la "récupération de l'eau de pluie" encouragée et encadrée par l’État.
Tout d’abord, il semble préférable de parler "d’eau de pluie" plutôt que "d’eaux pluviales" afin de bien délimiter ces deux sujets. Ce terme fait en effet clairement référence à la définition fournie par l'arrêté réglementant son utilisation : l'eau de pluie est une eau récupérée sur une toiture non accessible.
D’autre part, différents termes sont utilisés pour aborder le devenir de l'eau récupérée. Certains parlent de réutilisation ou de recyclage comme si l’eau de pluie issue des gouttières avait déjà été utilisée alors qu’elle a seulement ruisselé jusqu’à la cuve. D’autre parlent simplement de récupération de l'eau de pluie. En fait, la seule récupération recouvre un domaine plus large qui va au delà de l’usage de l’eau et peut concerner les eaux pluviales et pas seulement les eaux de pluie au sens précédent (Voir Récupération des eaux pluviales (HU)).
Finalement, la récupération de l'eau de pluie passe par le stockage de cette ressource à des fins d’utilisation. Il y a donc deux phases : la récupération et l’utilisation, c'est pourquoi le terme de "récup-utilisation" paraît bien approprié.
L’impact de la récup-utilisation sur l’environnement
La récup-utilisation ne peut cependant pas être considérée comme étant très bénéfique au cycle hydrologique. Les seuls avantages de la récup-utilisation pour le cycle de l’eau et le maintien des écosystèmes correspondent aux cas suivants :
- le cas où les usagers récupèrent et utilisent cette eau afin d’arroser leur jardin et que l’eau est donc renvoyée au milieu naturel ;
- le cas où les gouttières étaient auparavant raccordées au réseau unitaire et que le stockage provisoire de l'eau de pluie limite les pointes de débit et donc, potentiellement les rejets par les déversoirs d'orage.
En tout état de cause, en dehors de l'usage "arrosage", l’eau sera de nouveau dirigée vers le réseau et le bénéfice environnemental sera limité ou nul.
Cependant, si la récup-utilisation n’apporte pas réellement de bénéfices environnementaux, elle permet tout de même de limiter le gaspillage en eau potable et, de surcroît, de mieux sensibiliser les particuliers et les entreprises à l’environnement et plus particulièrement à la gestion de la ressource en eau.
L’impact de la récup-utilisation sur la société
La récup-utilisation apporte également d’autres bénéfices pour la société, au moment même où elle doit s’adapter au changement climatique et trouver des moyens de mieux préserver l’environnement.
Encourager les particuliers mais aussi les entreprises et les collectivités à la récup-utilisation permet en effet de :
- sensibiliser au gaspillage de l’eau potable et l’économiser ; ceci d’autant plus que la récup-utilisation est faite de manière collective (par exemple : une cuve collective dans un lotissement) ;
- économiser de l’énergie lorsque le système d’utilisation est gravitaire en particulier lorsque l'on récupère de l'eau de pluie pour arroser son jardin ;
- sensibiliser de manière générale à la préservation de la ressource en eau.
Freins à la récup-utilisation
En revanche, quelques freins peuvent être identifiés tels que :
- les risques sanitaires :
- l’eau de pluie récupérée peut-être contaminée par le revêtement de surface (lessivages des matériaux), les dépôts sur les toitures (résidus de fumées, présence de végétaux, d’insectes, etc.), les résidus de nettoyant du toit (biocides, pesticides, etc.) (voir Pollution de l'eau de pluie (HU), Pollution des eaux de ruissellement (HU)) ;
- l’eau de pluie stockée peut également présenter un risque sanitaire si les conditions de stockage ne sont pas bonnes : par exemple développement bactérien en cas de stagnation et/ou de mauvais entretien de la cuve ;
- ces risques sont accrus en cas d'usage ne respectant pas l’arrêté de 2008 : usages d’eau récupérée pour l'usage douche par exemple ;
- d’autres risques existent tels que la prolifération des moustiques si la cuve n’est pas protégée (figure 2), le risque de noyade selon l’emplacement du stockage, etc. ;
- la consommation d’énergie et des ressources naturelles pour le matériel :
- la récup-utilisation peut favoriser cette consommation d’énergie car les cuves proviennent souvent de l’étranger ce qui entraine des dépenses d’énergie pour leur transport ;
- la récup-utilisation peut également favoriser la consommation des ressources naturelles puisque la construction des cuves nécessite du pétrole (cuves en plastique), du sable (cuves en béton), des métaux, etc.
Néanmoins, le consommateur peut choisir d’acheter des produits fabriqués localement. De plus, il est possible de récupérer et recycler les cuves après usage pour limiter l'impact environnemental.
Conclusion
La récup-utilisation couplée à la sensibilisation environnementale des utilisateurs pourrait dans un second temps encourager les particuliers, collectivités et entreprises à créer des jardins de pluie dans leurs jardins, espaces verts ou parcs. Les jardins de pluie sont une solution durable pour assurer l’infiltration des eaux pluviales tout en créant un jardin paysager ou un potager (plantes comestibles) et donc garantir de multiples services à l’usager. Cela permettrait aussi de réduire la consommation des ressources naturelles en favorisant un jardin de pluie naturel plutôt qu’une cuve en plastique ! Voir Solution alternative (HU).
Pour en savoir plus :