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Vulnérabilité du territoire national aux risques littoraux

De Wiklimat

Sommaire

Objectif

L’étude « Vulnérabilité du territoire national aux risques littoraux » a été lancée par le CETMEF (http://www.cetmef.developpement-durable.gouv.fr/vulnerabilite-du-territoire-a406.html) en 2008, en partenariat avec les Centres d’Études Techniques de l’Équipement (CETE) de Méditerranée et de l’Ouest, pour disposer d’une synthèse nationale des connaissances actuelles sur les risques littoraux et évaluer les secteurs les plus susceptibles d’être impactés par l’élévation du niveau marin.


Méthodologie

L’étude a consisté en la production d’une synthèse bibliographique et d’indicateurs de vulnérabilité permettant d’établir une représentation des principales zones vulnérables en France.


Une synthèse bibliographique

La synthèse bibliographique évalue l’état des connaissances sur les risques littoraux et fait une synthèse nationale de la vulnérabilité. Elle s’appuie sur les rapports d’études menées à l’échelle régionale ou départementale, principalement réalisées sous la maîtrise d’ouvrage des services déconcentrés du MEDDTL (DREAL, DDTM…) mais également les études universitaires couvrant un linéaire au moins départemental. 51 rapports d’étude ont été retenus pour la France métropolitaine et 44 pour l’Outre-Mer.


7 indicateurs de vulnérabilité aux risques littoraux

1- Le niveau de connaissance

Des « fiches-résumés » issues de ces rapports d’études contiennent les métadonnées de l’étude (titre, année, auteur, commanditaire …), les thèmes abordés et la manière dont ils ont été traités au regard de la vulnérabilité des territoires face aux risques littoraux. Elles permettent d’obtenir une vision synthétique des documents disponibles grâce à l’indicateur « Niveau de connaissance ».


2- Les zones basses

La cartographie des zones basses, zones topographiques situées sous un niveau marin donné, est un indicateur de la vulnérabilité du territoire aux submersions marines. La méthodologie de cartographie reprend celle de l’aléa submersion marine du guide méthodologique “Plans de Prévention des Risques Littoraux” (MATE & METL, 1997).

Le niveau marin retenu pour l’élaboration des cartographies est un niveau marin centennal pour les côtes métropolitaines. La détermination des niveaux retenus en Outre-Mer a fait l’objet d’une attention particulière compte-tenu de la problématique des surcotes cycloniques.

Les zones basses obtenues sont distinctes des zones inondables. Elles sont définies sans tenir compte des ouvrages de protection. De plus, seule une approche statique est adoptée (on ne prend pas en compte la tenue du niveau de pleine mer et les franchissements par paquets de mer).


3- Arrêtés de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle liés à la mer

L’exploitation de la base de données GASPAR (Gestion Assistée des Procédures Administratives relatives aux Risques naturels et technologiques), qui recense par région les arrêtés interministériels pris lors d’événements exceptionnels reconnus comme catastrophes naturelles, a permis d’évaluer et de cartographier le nombre d’arrêtés par commune liés à des phénomènes marins.

L’analyse a porté sur les arrêtés concernant les communes situées dans les zones basses définies ci-dessus. Un coefficient a été affecté à chacun des arrêtés retenus :

  • "0" lorsque l’arrêté était jugé non lié à la mer,
  • "1" lorsqu’il était jugé lié à la mer avec certitude (ou à l’action des vagues) ou pour l’intitulé tempête si la commune était littorale ou riveraine d’estuaire et de delta (liste définie par le décret n° 2004-311 du 29 mars 2004),
  • "0,5" sinon. Le nombre de catastrophes naturelles par commune a été déterminé en sommant les valeurs des coefficients attribués.


4- Atlas de zones inondables et plans de prévention liés à la mer

Les documents d’information préventive ou à portée réglementaire, dont les Atlas de Zones Inondables (AZI) et les plans de préventions tels que les Plans de Prévention des Risques Littoraux (PPRL) ou des Risques Naturels (PPRn), les Plans d’Exposition aux Risques (PER) et les périmètres R111-3 (article qui permet d’interdire ou de limiter les constructions exposées à des nuisances graves) sont également des indicateurs de vulnérabilité. Les données nécessaires à l’analyse des zones à risques sont également issues de la base de données GASPAR


5- Enjeux situés dans les zones basses

Un indicateur de vulnérabilité basé sur un certain nombre d’enjeux, pour lesquels des bases de données homogènes à l’échelle nationale étaient disponibles, a été défini. Ces enjeux ont été comptabilisés dans les zones basses, rendant ainsi compte d’un degré de vulnérabilité à la submersion marine. :

  • constructions issues de la BD Topo Pays® de l’IGN (bâtiments administratifs, industriels, résidentiels…)
  • infrastructures de transports issues de la BD Topo Pays® de l’IGN(voies routières et ferroviaires)
  • établissements industriels à risques (classés SEVESO et centrales nucléaires)
  • sites d’intérêt écologique (Natura 2000, ZNIEFF, réserves et parc…).

L’ensemble de ces enjeux a été déterminé pour chaque type de zones basses (sous les niveaux marins retenus pour la cartographie, et sous ces niveaux marins -1m et +1m) dans chaque région, DOM, COM ou POM du littoral français.


6- Indicateur croisé IBC

Un indicateur seul ne donne qu’une image partielle de la vulnérabilité ; le croisement des différents indicateurs liés aux aléas et aux enjeux est un élément de réponse pour cartographier la vulnérabilité aux risques littoraux.

Indicateur IBC : Issu du croisement entre les arrêtés de catastrophes naturelles et les bâtiments situés dans les zones basses par commune, en considérant qu’une commune sera plus vulnérable si elle contient un grand nombre de bâtiments et qu’elle a subi de nombreuses catastrophes naturelles liées à la mer. Il se présente sous la forme de 6 niveaux de vulnérabilité.


7- Indicateur croisé IB

L’absence d’arrêté CAT-NAT dans plusieurs régions d’Outre-Mer a conduit à la recherche d’un nouvel indicateur (IB) afin d’avoir une représentation de l’ensemble de la France. Les données disponibles ont permis la réalisation d’un indicateur correspondant au nombre de bâtiments dans les zones basses d’une commune, indicateur appelé IB présentant également 6 niveaux de vulnérabilité. La cartographie des indicateurs IBC et IB a aussi été réalisée pour le bâti sous les niveaux marins retenus +1 m. Elle a permis d’évaluer l’évolution de la vulnérabilité avec l’élévation du niveau moyen de la mer.


Résultats

1- Le niveau de connaissance

Les thèmes traités sont l’aléa érosion et l’aléa submersion marine, les enjeux, la vulnérabilité, la gestion du littoral et les méthodes de protection ainsi que l’impact du changement climatique.

Carte de l’indicateur du niveau de connaissance en France


Cinq régions se dégagent au niveau français, le Nord-Pas-de-Calais, la Haute-Normandie, la Basse-Normandie, la Bretagne et les Pays de La Loire, où l’ensemble des thèmes est traité. Les DOM sont bien traités mais généralement dans une ampleur moindre que la métropole.


2- Les zones basses

D’après les estimations effectuées (se référer au site CETMEF cité plus haut pour le rapport et les résultats détaillés), en France, 753 400 hectares, dont 590 000 en métropole en 163 100 en Outre-Mer, sont situés sous les niveaux marins retenus ; et 972 300 hectares, dont 735 500 en métropole et 236 800 en Outre-Mer, sont situés sous les niveaux marins retenus + 1 m.

Les régions dont les surfaces de zones basses sont les plus importantes sont la Guyane, les Pays de la Loire, le Poitou-Charentes et le Nord-Pas-de-Calais. Les régions Guyane, PACA, Aquitaine et Languedoc-Roussillon sont celles dont les surfaces de zones basses augmentent le plus avec une élévation du niveau marin.

De manière générale, les zones basses des régions d’Outre-Mer et de Méditerranée continentale (Languedoc-Roussillon et PACA) sont très sensibles à une élévation du niveau moyen de la mer puisqu’elles augmentent de plus de 30 % en surface.


3- Arrêtés de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle liés à la mer

Les communes ayant le plus grand nombre d’arrêtés de catastrophes naturelles liées à la mer sont représentées dans des tons rouges/foncées. Les régions Bretagne et Basse-Normandie concentrent les communes ayant les plus grands nombres d’arrêtés.

Carte des arrêtés de catastrophe naturelle liés à la mer

Viennent ensuite les Alpes-Maritimes, les estuaires de la Gironde et de la Seine, la Réunion, la Guadeloupe et la Martinique.

Six ou sept événements majeurs ont touché la métropole entre 1982, date de la mise en place de la procédure, et 2008. Le principal événement est la tempête de 1999 qui a touché les façades Atlantique et Manche. Les tempêtes de 1982 et 1987 ont touché respectivement la Méditerranée et l’Aquitaine, la Bretagne et la Basse-Normandie.

Dans les DOM, les principaux cyclones ayant touché les Antilles sont Luis, en 1995, Lenny en 1999 et Omar en 2008. À la Réunion, l’événement majeur depuis 1982 a été le cyclone Colina en 1993.


4- Atlas de zones inondables et plans de prévention liés à la mer

La cartographie réalisée montre que ces documents sont plus présents sur les façades Atlantique et Manche en métropole. Les DOM sont bien couverts. Cependant cette base n’est pas régulièrement renseignée. Les informations issues de cet indicateur ne peuvent donc pas être utilisées directement.

Atlas de zones inondables PPR liés à la mer


5- Enjeux situés dans les zones basses

Régions Nombre de bâtiments Linéaire d’infrastructures de transport (km) Surface de sites d’intérêt écologique (ha)
Nord-Pas de Calais

Picardie

Haute-Normandie

Basse-Normandie

Bretagne

Pays de La Loire

Poitou-Charentes

Aquitaine

Languedoc-Roussillon

Provence-Alpes-Côte d’Azur

Corse

65 676

10 149

9 003

15 591

22 375

59 658

28 762

25 916

16 135

10 571

1 320

3 757

545

923

868

1 611

3 074

1 783

1 582

1 905

711

45

1 918

5 445

12 410

28 923

15 540

125 901

64 052

34 367

27 752

64 973

1 359

France métropolitaine 265 156 16 804 382 640
Guadeloupe

Martinique

Guyane

Réunion

Mayotte

St Martin

St Barthélémy

St Pierre et Miquelon

Nouvelle-Calédonie

5 161

2 487

3 089

1 338

1 353

1 012

197

472

9 486

262

103

371

78

33

33

7

72

304

2 432

19

25 910

68

0

10

9

0

19

Total Outre-Mer 24 595 1 263 28 448
Total France 289 751 18 067 411 088

En métropole, les constructions et les infrastructures de transports concernent principalement les régions dont les surfaces de zones basses sont les plus élevées : le Nord–Pas-de-Calais, les Pays de la Loire, le Poitou-Charentes, le Languedoc-Roussillon et l’Aquitaine. La concentration des enjeux bâti dans les zones basses est particulièrement importante en Outre-Mer, en particulier, par ordre décroissant, St Martin, Mayotte, St Barthélémy, la Martinique, la Réunion et la Guadeloupe, tous devant les régions de métropole. Les établissements industriels à risques des communes littorales sont essentiellement situés dans les zones portuaires (Grands Ports Maritimes de Marseille, Le Havre, Rouen et Dunkerque). Les zonages de protections environnementales représentent près de 411 000 ha et 54 % des surfaces situées sous les niveaux marins retenus (383 000 ha et 64 % pour la métropole), concernant essentiellement les Pays de la Loire, Poitou-Charentes et PACA.


6- Indicateur croisé IBC

L’indicateur, appelé IBC, rend donc principalement compte de la vulnérabilité à la submersion marine. Six niveaux de vulnérabilité ont été définis. Les régions les plus vulnérables sont le Languedoc-Roussillon, la Picardie, le Poitou-Charentes, le Nord-Pas de Calais et les Pays de la Loire, au contraire des régions Corse, Haute-Normandie, Basse-Normandie et Bretagne. Les DOM apparaissent comme peu vulnérables en dehors de la commune de St Denis.


7- Indicateur croisé IB

La plupart des régions font apparaître des communes vulnérables de manière isolée (St Malo, Penmac’h, Carnac en Bretagne, le Cap Ferret, Bordeaux, le Verdon en Aquitaine, Hyères en PACA, Le Havre en Haute-Normandie,…) ou sur des secteurs plus étendus (la façade Mer du Nord, la Baie de Somme, le nord de l’embouchure de la Loire, la Vendée, les îles de Charente-Maritime, le littoral de l’Aude et de manière plus générale le Languedoc-Roussilon, la Camargue, le sud de la Nouvelle-Calédonie).

La cartographie réalisée pour le bâti sous les niveaux marins retenus +1 m a permis d’évaluer l’évolution de la vulnérabilité avec l’élévation du niveau moyen de la mer.

Ainsi, en métropole, la région où l’évolution est la plus forte est le Languedoc-Roussillon. L’Outre-Mer y est également vulnérable, en particulier la Martinique, suivi de la Réunion et de la Guyane.

Carte de l’indicateur croisé de vulnérabilité aux risques littoraux (IB)

Sur les régions où les indicateurs IB et IBC ont été cartographiés, les variations de la vulnérabilité d’une commune à une autre restent globalement identiques.


Conclusions

L’étude dresse un premier bilan des éléments disponibles pour la réalisation d’une synthèse des risques littoraux à l’échelle nationale. L’ensemble des principales études menées sur les risques littoraux en France ont été recensées et sont la base d’une synthèse bibliographique réalisée par région. Les bases de données présentant des informations homogènes à l’échelle nationale ont également été exploitées pour produire des indicateurs, données quantifiables ayant permis la réalisation de cartes à l’échelle nationale. Un croisement des indicateurs a été proposé pour cartographier la vulnérabilité aux risques littoraux en France.

Ainsi une cartographie de la vulnérabilité de chaque commune française aux risques littoraux a été réalisée. Elle permet d’identifier certains secteurs très vulnérables, confirmant ce qui ressortait déjà au niveau national, et de pouvoir les comparer. Il apparaît en particulier que la majorité des secteurs très vulnérables sont situés en métropole.


Références et citations

Congrès SHF : «Evènements extrêmes fluviaux et maritimes», Paris, 1-2 février 2012 – Perherin C., Roche A., Trmal C., Roux I., Pons F., Boura-C., Devaux E., Desire G. – Vulnérabilité du territoire national aux risques littoraux

CETMEF – CETE Méditerranée – CETE Ouest. (Sept 2012). - Vulnérabilité du territoire National aux risques littoraux. - Synthèse France entière. Rapport CETMEF/DI, 52 pages. http://fr.calameo.com/read/000587334afee56d74d04

CETMEF – CETE Méditerranée – CETE Ouest. (Sept 2012). - Vulnérabilité du territoire National aux risques littoraux. - Outre-Mer. Rapport CETMEF/DI, 160 pages. http://fr.calameo.com/read/000587334ab5fcbea2704

CETMEF – CETE Méditerranée – CETE Ouest. (2009). - Vulnérabilité du territoire National aux risques littoraux - France métropolitaine. Rapport CETMEF/DELCE, 163 pages. http://fr.calameo.com/read/0005873342f81dc9cc928

DIREN -Direction Régionale de l’Environnement- Languedoc-Roussillon. (2008). - Guide d’élaboration des PPR submersion marine en Languedoc- Roussillon. DIREN LR – Préfecture de Région, 12 pages.

Esposito C., Delgado J-L., Pons F. (2009). - Atlas numérique des zones inondables par submersion marine. Littoral sableux du Languedoc-Roussillon. Élaboration d’un Système d’Information Géographique, CETE Méditerranée, DRE -Direction Régionale de l’Equipement- Languedoc-Roussillon, 71 pages.

MATE, METL -Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, Ministère de l’Equipement, des Transports et du Logement- (1997). - Plan de prévention des risques littoraux (PPR). Guide méthodologique, La documentation française, Paris, 54 pages.

Pons F. et Le Gentil J. (2007), Élaboration d’un Plan de Prévention de Risques Submersions marines en Camargue – État des lieux des données existantes, CETE Méditerranée, DDE 13, 81 pages.

Simon B. (2008). - Statistiques des niveaux marins extrêmes de pleine mer Manche et Atlantique, SHOM–CETMEF, Cédérom.



Le créateur de cet article est Céline Boura
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