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De Wiklimat
(Les dangers présents sur la zone)
(Le lac Kivu)
 
(142 révisions intermédiaires par 2 utilisateurs sont masquées)
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Titre à remplacer: Analyse des risques naturels et des différentes formes d’altération du substrat sur la ville d’Aguas Calientes (Machu Picchu pueblo), Pérou
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<center><big>Kivu et Nyiragongo : Entre lac acide et lac de lave, visite au cœur du grand rift est-africain</big></center>
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== Introduction ==
 
== Introduction ==
  
Avec le Colisée de Rome ou encore le Taj Mahal et la grande Muraille de Chine, le Machu Picchu fait parti depuis 2007 des sept Nouvelles Merveilles du Monde. Ce sanctuaire historique a été découvert en 1911 par Hiram Bingham, célèbre explorateur nord-américain. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des sites archéologiques les plus importants au monde. Il culmine à 2 430 mètres d’altitude sur un site montagneux lui-même plongé dans la forêt tropicale [10]. Egalement localisé au niveau du bassin supérieur de l’Amazone, le secteur offre une faune et flore aussi riche que variée. Cette citée sacrée, édifiée pendant l’empire Inca (1438-1532), a aussi été déclarée Patrimoine Culturel de l’Humanité.
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Le grand rift est-africain, aussi appelé vallée du rift africain, est un ensemble géologique qui s’étend du sud de la mer Rouge jusqu'au fleuve Zambèze. Il s'étire sur un peu plus de 6000 kilomètres de long et entre 40 et 60 kilomètres de large <sup>[1]</sup>.  
  
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De grands lacs tels que le Tanganyka (32 000 km²) et le Malawi (30 000 km²) ainsi que de grands volcans tels que le Mont Kenya (5199m) et le Kilimandjaro (5895m) se trouvent sur cette zone.
  
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La vallée du grand rift fait également référence à ladite zone du "berceau de l'humanité". C'est en effet dans cette région que les plus vieux fossiles ont, à ce jour, été retrouvés.  
[[File:Machu Picchu.bmp|600px]]
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  Site historique Machu Picchu
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Ces spécificités géologiques offrent des paysages plus surprenants les uns que les autres ; à l'instar du volcan Nyiragongola et de son lac de lave situés au coeur de la chaîne montagneuse des Virunga, elle-même bordée par le lac d'acide Kivu.
  
Le site se trouve entre plusieurs montagnes escarpées pouvant culminer à plus de 5500 mètres d’altitude et a été construit entre deux pics précis : le Machu Picchu (veille montagne) au nord et le Huayna Picchu (jeune montagne) au sud. 800 mètres plus bas, on retrouve la rivière Urubamba, qui une fois joint à la rivière Tambo forme l’Ucayali, l’un des affluents du fleuve
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L'évocation de ces lacs volcaniques sera l'occasion d'introduire la notion d'hydrovolcanogie, qui n'est autre que l'étude du champ d'action de l'eau dans la volcanologie.
Amazone.
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Il existe un seul et unique accès au site historique : la petite ville d’Aguas Calientes (récemment renommée Machu Picchu Pueblo). Cette dernière a été entièrement fondée pour des raisons touristiques qui ne sont autres que créer un accès au site archéologique. La construction a commencé en 1911, dix ans après la découverte du site. Cette ville est un point clé et est actuellement en grand danger. Par exemple, en avril 2004, six personnes y ont trouvé la mort suite à deux glissements de terrain. On a également dénombré 5 disparus, 6 blessés et plus de 1600 personnes bloquées sur le site, ne pouvant redescendre [18].
 
  
== Les dangers présents sur la zone ==
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[[File:Rift floor Queen Elizabeth National Park, Ouganda, Joel Sartore.jpg|268px]]
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[[File:Lake Bogoria, Kenya, Michael Poliza.jpg|300px]]
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[[File:Nabiyotum Crater Lake, Kenya, Michael Poliza.jpg|300px]]
  
Les glissements de terrains ne sont malheureusement pas les seuls dangers de la zone. Qu’ils soient d’origine naturelle ou anthropique, ils sont aussi importants que variés. Voici un récapitulatif des dangers recensés sur la zone [19] :
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  <small>De gauche à droite:
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  Lac de cratère, Queen Elizabeth National Park, Ouganda - Photo: Joel Sartore
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  Lac Bogoria, Kenya - Photo: Michael Poliza
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  Cratère Nabiyotum, lac Turkana, Kenya - Photo: Michael Poliza</small>
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== Le grand rift est-africain ==
  
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[[File:Les dangers présents sur la zone d’Aguas Calientes de ses alentours.bmp|300px]]
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[[File:situation géo.JPG|455px]] [[File:carte structurale simplifée du rift est africain CNRS géomanips.jpg|398px]]
  Les dangers présents sur la zone d’Aguas Calientes de ses alentours
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    Description et structuration du grand rift est-africain <small>Source - Jean-Jacques TIERCELIN, CNRS</small>
 
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Par le passé et encore très récemment, ces évènements ont fortement endommagé l’environnement et affecté la population. Voici quelques illustrations recensées sur la zone d’Aguas Calientes :
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* <small>'''Quelques rappels sur la tectonique des plaques'''
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<html><iframe frameborder="0" width="300" height="150" src="//www.dailymotion.com/embed/video/x1065na" allowfullscreen></iframe><br /><a href="http://www.dailymotion.com/video/x1065na_la-tectonique-des-plaques_news" target="_blank">La tectonique des plaques</a> <i>par <a href="http://www.dailymotion.com/Gentside" target="_blank">GS</a></i></html></small>
  
* Glissements de terrains
 
  
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Le rift est-africain est principalement formé de deux branches distinctes (orientale et occidentale), qui se rejoignent au niveau de la zone de failles appelée linéament d’Assoua. Le rift est un secteur de divergence intracontinentale (plaque africaine) qui évolue relativement lentement, à hauteur d'une dizaine de millimètres par an.
[[File:Glissement de terrain, secteur d'Aguas Calientes.bmp|600px]]
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  Glissement de terrain, secteur Aguas Calientes
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  <small>Source - INDECI Cusco</small>
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''Il convient de mentionner que certains géologues y voient la séparation entre deux plaques distinctes que seraient les plaques somalienne et nubienne, actuellement considérées comme parties d'une seule et même plaque: africaine.''
  
* Inondations
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Ce phénomène de divergence se traduit par l'étirement de l'écorce terrestre qui, par le passé, a fait l'objet d'un volcanisme intense. C'est ce qui a donné naissance à cet immense fossé d'enfondrement et qui a provoqué son élargissement.
  
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Avec le temps et la poursuite de l'extension, le rift devrait s'enfoncer sous le niveau de la mer et être progressivement envahi par l'eau.  
[[File:Inondations, secteur Aguas Calientes.bmp|600px]]
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L'étape suivante est celle de la mer linéaire, amorcée par le volcanisme sous-marin qui produit de la coûte océanique <sup>[2]</sup>.
  Inondations, secteur Aguas Calientes
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  <small>Source - INDECI Cusco</small>
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La mer rouge (limite plaques arabique/africaine) est un exemple actuel de mer linéaire. Dans le futur, cette dernière devrait devenir un océan et la Corne de l’Afrique pourrait se détacher pour former une île.
  
* Effondrements
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== La chaîne montagneuse des Virunga ==
  
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Le massif montagneux des Virunga est une chaîne volcanique qui s'étend sur l'Ouganda, la République Démocratique du Congo et le Rwanda. Elle est composée de huit volcans majeurs parmis lesquels deux sont toujours actifs: le Nyiragongo (3 470m) et le Nyamuragira (3 058m).  
[[File:Effondrements, secteur Aguas Calientes.bmp|600px]]
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  Effondrements, secteur Aguas Calientes
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Le plus haut sommet de la chaîne est le Mont Karisimbi, culminant à 4 507 mètres. La chaîne de montagnes est également est bordée au sud par le lac Kivu, l'un des Grands Lacs d'Afrique connu pour son acidité.
  <small>Source - INDECI Cusco</small>
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Située au bord du lac Kivu, la ville de Goma s'est construite sur d'anciennes coulées de lave, et notamment celles du volcan Nyiragongo. La ville peut facilement être qualifiée comme l'une des plus dangereuses au monde. En effet ce volcan est l'un des plus actifs et menaçants au monde, alors que l'instabilité politique de la République Démocratique du Congo (RDC) empêche les scientifiques de mener à bien leurs études.
  
* Avalanches
 
  
 
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[[File:Sommets enneigés, secteur Aguas Calientes.bmp|600px]]
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[[File:volcans + lac.bmp|750px]]
   Sommets enneigés, secteur Aguas Calientes
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   Schéma descriptif de la zone du volcan Nyiragongo et du lac Kivu <small>Source - ngm.nationalgeographic.com</small>
  <small>Source - INDECI Cusco</small>
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=== Le volcan Nyiragongo ===
  
* Erosion fluviale
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Le Nyiragongo est ce que l'on appelle un stratovolcan (ou volcan composite) ; c'est-à-dire qu'il s'est formé au fil des éruptions passées par l'accumulation des coulées de lave et des dépôts pyroclastiques.
  
L'Érosion fluviale est un phénomène qui a lieu surtout sur les côtés concaves des méandres où la vitesse de l’eau est plus grande.
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Ce dernier offre la particularité de posséder un lac de lave permanent mesurant plus de 200 mètres de diamètre et plusieurs kilomètres de profondeur. Des échantillons récemment prélevés indiquent que le magma proviendrait du manteau, à plus de 75 kilomètres de profondeur.
  
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Le cratère de lave est continuellement animé par les secousses, la libération de nuages de gaz toxiques ou encore les chutes de pierres. La température du lac avoisinne les 1000°C, tandis que les bulles de gaz qui en remontent peuvent projeter de la lave à plus de 20 mètres de hauteur <sup>[3]</sup>
[[File:Observation de l’érosion fluviale avec les années, secteur Aguas Calientes.bmp|600px]]
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  Observation de l’érosion fluviale avec les années, secteur Aguas Calientes
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  <small>Source - INDECI Cusco</small>
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En 1977, le lac se vidangea suite à la formation d'une fissure dans la paroi du cratère. Des coulées de laves dévalèrent les pentes à plus de 100km/h et atteignirent les villages situés en contrebas. Surpris par la vitesse du phénomène, quelques 300 personnes y perdirent la vie.
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Plus récemment, lors de la dernière éruption de 2002, trois rivières de laves furent déversées. L'une d'entre elle détruisit divers villages et une petite partie de la ville de Goma, qui restera marquée d'un sillon d'une soixantaine de mètres de large <sup>[4]</sup>.
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* Incendies forestiers
 
  
 
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[[File:Incendie forestier, site archéologique Aguas Calientes.bmp|600px]]
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[[File:bp1.jpg|302px]] [[File:bp28.jpg|300px]] [[File:bp19.jpg|307px]] </center>
  Incendie forestier, site archéologique Aguas Calientes
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   <small>Source - INDECI Cusco</small>
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   Lac de lave, volcan Nyiragongo <small>- Photos Olivier Grunewald</small>  
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Comme on peut le constater à travers ces diverses illustrations, la ville d’Aguas Calientes, ainsi que son secteur, est une zone très sensible. C’est pourquoi il est essentiel de réaliser des études de risques et d’élaborer des plans d’actions afin de pouvoir préserver leur intégrité.
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=== Le lac Kivu ===
  
Pour traiter au mieux le sujet j’ai choisi de développer le danger inondation et ses facteurs liés tels que érosion, alluvion ou encore glissement de terrain; qui me paraissent majeurs sur cette zone. Nous étudierons également comment le climat ou encore la végétation peuvent influer sur l’altération des roches et favoriser les dangers cités précédemment. Nous finirons par l’étude des vulnérabilités de la ville d’Aguas Calientes et la carte des risques naturels associée auxquelles nous ajouterons quelques recommandations et mesures de prévention.
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<center> [[File:landscape-on-the-shores-of-lake-kivu-s.jpg|450px]]
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  Paysage des Rives du Lac Kivu en République Démocratique du Congo <small>- Peinture: Emmanuel Baliyanga</small>
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== Le diagnostic situationnel de la ville ==
 
  
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Situé à cheval sur les frontières de la RDC et du Rwanda, le lac Kivu s'étend sur environ 2 370 km².
[[File:Situation géographique et hydrologique de la zone d’Aguas Calientes.jpg|357px]]
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[[File:Schéma et fonctionnement du cône alluvial de la zone d’Aguas Calientes.jpg|357px]]
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[[File:Visualisation des reliefs de la zone  les cours d’eau Aguas Calientes et Alcamayo et la ville d’Aguas Calientes.jpg|285px]]
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  <small>De gauche à droite:</small>
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  Situation géographique et hydrologique de la zone d’Aguas Calientes
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  Schéma et fonctionnement du cône alluvial de la zone d’Aguas Calientes
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  Visualisation des reliefs de la zone  les cours d’eau Aguas Calientes et Alcamayo et la ville d’Aguas Calientes
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Aguas Calientes est situé sur un cône alluvial. Celui s’est formé, avec le temps, des accumulations de matière apportées par les cours d’eau Aguas Calientes et Alcamayo. Ces accumulations sont liées à diverses ruptures de pente de la zone montagneuse dont les cours d’eau émergent. Le cône est en constante évolution car contrôlé par les écoulements torrentiels chargés en sédiments et débris.
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== Introduction à l'hydrovolcanologie ==
  
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Champ d'action de l'eau en volcanologie
  
== Le danger inondation ==
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== Références ==
  
=== L’origine des eaux ===
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* [1] L'est africain, un océan né et à naître, CNRS
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http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosgeol/
  
Les eaux de surface de la zone ont deux origines principales. Tout d’abord, les précipitations des bassins Alcamayo et Aguas Calientes qui sont une combinaison de pluies orographiques et de pluies convectives locales. Elles atteignent en moyenne les 2000mm par an avec un maximum au mois de janvier (saison des pluies) avec 373mm et un minimum de 37mm au mois de juin (saison sèche). Des débits très importants sont atteints en janvier, février et mars ; mois pendant lesquels se produisent de nombreuses inondations, coulées de boues, alluvions, huaycos…
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* [2] La formation d'un océan, Faculté des sciences et de génie de Laval
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http://www.ggl.ulaval.ca/accueil/
  
Ensuite, les eaux provenant de la fonte des glaciers environnant tels que le Salkantay (6277m), le Chullunku (5800m), le Verónica (5700m) ou encore l’Ausangate (6385m). Il est important de noter la que la zone est également riche en ruisseaux, lagunes, sources d’eaux chaudes, lacs…
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* [3] Descente en rappel au coeur du volcan, au-dessus d’un lac de lave, National Geographic
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http://photo.nationalgeographic.fr/descente-en-rappel-au-coeur-du-volcan-au-dessous-de-son-lac-de-lave-1899?v=2#en-route-vers-le-sommet-27894
  
=== Cartographie des dangers===
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* [4] L'éruption du Nyiragongo (Congo) en 2002, École normale supérieure de Lyon
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http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/nyiragongo-2002.xml
  
La ville d’Aguas Calientes est divisée en 4 zones de dangers. Tout d’abord, au niveau du lit mineur et de ses bordures, on rencontre les dangers suivants : inondations, érosion et coulées de boues. Ensuite, au niveau du lit majeur, on retrouve les dangers d’inondations et de coulées de boues. Au niveau du centre-ville, des habitations et infrastructures, le danger principal est celui des pluies intenses. Enfin, les alentours du centre-ville ainsi que les collines et montagnes sont situés sur une zone de danger liée à l’érosion pluviale.
+
*
  
Dans un environnement normal, ces différents dangers ne présenteraient aucun risque. Cependant, les enjeux économiques liés à l’activité touristique de la zone sont tellement importants qu’ils l’emportent sur tout le reste et notamment sur la partie sécurité et la gestion des risques. C’est pourquoi l’état à laisser toute une ville se construire sur une zone où les phénomènes naturels sont majeurs, variés et très fréquents. Au-delà des 2500 touristes quotidiens, les vulnérabilités y sont maintenant indénombrables. De nombreux projets, plans ou études ont été réalisés, menant à de nombreuses recommandations et mesures de prévention. Mais à nouveau, les plus hautes autorités ferment les yeux face aux enjeux économiques.
 
  
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* Introduction hydrovolcanologie
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http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/hydrovolcanologie.xml#generalites
  
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[[File:Habitation construite (et tolérée par les autorités à l’encontre des recommandations de sécurité) sur le lit mineur de la rivière Vilcanota, Aguas Calientes.png|700px]]
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  Habitation construite (et tolérée par les autorités à l’encontre des recommandations de sécurité)
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{{Auteur|NomAuteur=Adeline Bordais}}
  sur le lit mineur de la rivière Vilcanota, Aguas Calientes
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  <small>Source - INDECI</small>
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Version actuelle en date du 12 mai 2015 à 17:21

Kivu et Nyiragongo : Entre lac acide et lac de lave, visite au cœur du grand rift est-africain


Sommaire

[modifier] Introduction

Le grand rift est-africain, aussi appelé vallée du rift africain, est un ensemble géologique qui s’étend du sud de la mer Rouge jusqu'au fleuve Zambèze. Il s'étire sur un peu plus de 6000 kilomètres de long et entre 40 et 60 kilomètres de large [1].

De grands lacs tels que le Tanganyka (32 000 km²) et le Malawi (30 000 km²) ainsi que de grands volcans tels que le Mont Kenya (5199m) et le Kilimandjaro (5895m) se trouvent sur cette zone.

La vallée du grand rift fait également référence à ladite zone du "berceau de l'humanité". C'est en effet dans cette région que les plus vieux fossiles ont, à ce jour, été retrouvés.

Ces spécificités géologiques offrent des paysages plus surprenants les uns que les autres ; à l'instar du volcan Nyiragongola et de son lac de lave situés au coeur de la chaîne montagneuse des Virunga, elle-même bordée par le lac d'acide Kivu.

L'évocation de ces lacs volcaniques sera l'occasion d'introduire la notion d'hydrovolcanogie, qui n'est autre que l'étude du champ d'action de l'eau dans la volcanologie.


Rift floor Queen Elizabeth National Park, Ouganda, Joel Sartore.jpg Lake Bogoria, Kenya, Michael Poliza.jpg Nabiyotum Crater Lake, Kenya, Michael Poliza.jpg

  De gauche à droite:
  Lac de cratère, Queen Elizabeth National Park, Ouganda - Photo: Joel Sartore
  Lac Bogoria, Kenya - Photo: Michael Poliza
  Cratère Nabiyotum, lac Turkana, Kenya - Photo: Michael Poliza

[modifier] Le grand rift est-africain


Situation géo.JPG Carte structurale simplifée du rift est africain CNRS géomanips.jpg

   Description et structuration du grand rift est-africain Source - Jean-Jacques TIERCELIN, CNRS


  • Quelques rappels sur la tectonique des plaques


La tectonique des plaques par GS


Le rift est-africain est principalement formé de deux branches distinctes (orientale et occidentale), qui se rejoignent au niveau de la zone de failles appelée linéament d’Assoua. Le rift est un secteur de divergence intracontinentale (plaque africaine) qui évolue relativement lentement, à hauteur d'une dizaine de millimètres par an.

Il convient de mentionner que certains géologues y voient la séparation entre deux plaques distinctes que seraient les plaques somalienne et nubienne, actuellement considérées comme parties d'une seule et même plaque: africaine.

Ce phénomène de divergence se traduit par l'étirement de l'écorce terrestre qui, par le passé, a fait l'objet d'un volcanisme intense. C'est ce qui a donné naissance à cet immense fossé d'enfondrement et qui a provoqué son élargissement.

Avec le temps et la poursuite de l'extension, le rift devrait s'enfoncer sous le niveau de la mer et être progressivement envahi par l'eau. L'étape suivante est celle de la mer linéaire, amorcée par le volcanisme sous-marin qui produit de la coûte océanique [2].

La mer rouge (limite plaques arabique/africaine) est un exemple actuel de mer linéaire. Dans le futur, cette dernière devrait devenir un océan et la Corne de l’Afrique pourrait se détacher pour former une île.

[modifier] La chaîne montagneuse des Virunga

Le massif montagneux des Virunga est une chaîne volcanique qui s'étend sur l'Ouganda, la République Démocratique du Congo et le Rwanda. Elle est composée de huit volcans majeurs parmis lesquels deux sont toujours actifs: le Nyiragongo (3 470m) et le Nyamuragira (3 058m).

Le plus haut sommet de la chaîne est le Mont Karisimbi, culminant à 4 507 mètres. La chaîne de montagnes est également est bordée au sud par le lac Kivu, l'un des Grands Lacs d'Afrique connu pour son acidité.

Située au bord du lac Kivu, la ville de Goma s'est construite sur d'anciennes coulées de lave, et notamment celles du volcan Nyiragongo. La ville peut facilement être qualifiée comme l'une des plus dangereuses au monde. En effet ce volcan est l'un des plus actifs et menaçants au monde, alors que l'instabilité politique de la République Démocratique du Congo (RDC) empêche les scientifiques de mener à bien leurs études.


Volcans + lac.bmp

  Schéma descriptif de la zone du volcan Nyiragongo et du lac Kivu Source - ngm.nationalgeographic.com

[modifier] Le volcan Nyiragongo

Le Nyiragongo est ce que l'on appelle un stratovolcan (ou volcan composite) ; c'est-à-dire qu'il s'est formé au fil des éruptions passées par l'accumulation des coulées de lave et des dépôts pyroclastiques.

Ce dernier offre la particularité de posséder un lac de lave permanent mesurant plus de 200 mètres de diamètre et plusieurs kilomètres de profondeur. Des échantillons récemment prélevés indiquent que le magma proviendrait du manteau, à plus de 75 kilomètres de profondeur.

Le cratère de lave est continuellement animé par les secousses, la libération de nuages de gaz toxiques ou encore les chutes de pierres. La température du lac avoisinne les 1000°C, tandis que les bulles de gaz qui en remontent peuvent projeter de la lave à plus de 20 mètres de hauteur [3].

En 1977, le lac se vidangea suite à la formation d'une fissure dans la paroi du cratère. Des coulées de laves dévalèrent les pentes à plus de 100km/h et atteignirent les villages situés en contrebas. Surpris par la vitesse du phénomène, quelques 300 personnes y perdirent la vie.

Plus récemment, lors de la dernière éruption de 2002, trois rivières de laves furent déversées. L'une d'entre elle détruisit divers villages et une petite partie de la ville de Goma, qui restera marquée d'un sillon d'une soixantaine de mètres de large [4].


Bp1.jpg Bp28.jpg Bp19.jpg
  Lac de lave, volcan Nyiragongo - Photos Olivier Grunewald 

[modifier] Le lac Kivu


Landscape-on-the-shores-of-lake-kivu-s.jpg
  Paysage des Rives du Lac Kivu en République Démocratique du Congo - Peinture: Emmanuel Baliyanga


Situé à cheval sur les frontières de la RDC et du Rwanda, le lac Kivu s'étend sur environ 2 370 km².

[modifier] Introduction à l'hydrovolcanologie

Champ d'action de l'eau en volcanologie

[modifier] Références

  • [1] L'est africain, un océan né et à naître, CNRS

http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosgeol/

  • [2] La formation d'un océan, Faculté des sciences et de génie de Laval

http://www.ggl.ulaval.ca/accueil/

  • [3] Descente en rappel au coeur du volcan, au-dessus d’un lac de lave, National Geographic

http://photo.nationalgeographic.fr/descente-en-rappel-au-coeur-du-volcan-au-dessous-de-son-lac-de-lave-1899?v=2#en-route-vers-le-sommet-27894

  • [4] L'éruption du Nyiragongo (Congo) en 2002, École normale supérieure de Lyon

http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/nyiragongo-2002.xml


  • Introduction hydrovolcanologie

http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/hydrovolcanologie.xml#generalites



Le créateur de cet article est Adeline Bordais
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